Intégrité scientifique et éthique : définitions
En 2016, le rapport de Pierre Corvol au secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche énonce les définitions suivantes pour distinguer intégrité scientifique et éthique de la recherche :
Il faut bien distinguer l’intégrité scientifique, c’est à dire les règles qui gouvernent la pratique de la recherche, de l’éthique de la recherche qui aborde de façon plus large les grandes questions que posent les progrès de la science et leurs répercussions sociétales. (...)
L’intégrité scientifique est la conduite intègre et honnête qui doit présider à toute recherche. Consubstantielle de toute activité de recherche, c’est sur elle que reposent le savoir et la connaissance. L’intégrité scientifique n’est pas une question de morale mais elle s’appuie sur des principes moraux universels selon lesquels il est mal « de mentir, de voler… ». La qualité et la fiabilité de la production scientifique dépendent d’elle. C’est sur elle que se fonde la société de la connaissance pour, en un mot, « croire à la science ». Autant les questions d’éthique font débat, autant l’intégrité scientifique ne se discute pas. Elle se respecte, c’est un code de conduite professionnelle qui ne doit pas être enfreint. Elle s’impose en science, comme s’imposent les codes professionnels de déontologie pour les médecins et les avocats.
La science ouverte : un levier pour l’intégrité scientifique
L’ouverture et l’accessibilité de tous les produits de la recherche constituent un des principes fondamentaux d’une recherche intègre. C’est ce que mentionne d’ailleurs le Code de conduite européen pour l’intégrité en recherche :
Objectivity requires facts capable of proof, and transparency in the handling of data. Researchers should be independent and impartial and communication with other researchers and with the public should be open and honest.
Le Pôle IST est au service des chercheurs pour un soutien à la diffusion en libre accès de leurs publications et aussi pour une aide dans la rédaction d’un plan de gestion de données et pour le choix d’un entrepôt en vue du partage.
- la publication de résultats négatifs (avec même l’existence de revues dédiées en biologie Negative results, Journal of Negative Results),
- le principe de pre-registration (pré-déclarer ses hypothèses et son protocole de recherche ; voir notamment ce site),
- l'Open peer-review (rendre public les noms des reviewers, les rapports, les échanges, etc…).
Le Référent à l’Intégrité Scientifique de l’École des Ponts
Dans une circulaire de 2017 (n° 2017-040) à destination de tous les établissements d'enseignement supérieur et de recherche sur la politique d'intégrité scientifique, le Ministère en charge de la Recherche a demandé de procéder à une série de mesures concrètes, parmi lesquelles la nomination d’un référent à l’intégrité scientifique. Les missions qui lui incombent sont les suivantes :
- veiller à la promotion et au respect des principes de la Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche que l'École des Ponts a signée en 2019,
- s’assurer de la mise en place des dispositifs et des procédures de prévention, de formation et de traitement des manquements à l’intégrité scientifique,
- instruire les cas de manquement à l’intégrité scientifique et conseiller le responsable de l’établissement,
- assurer une représentation auprès de l’OFIS (Office Français de l’Intégrité Scientifique) au sein du réseau de référents.
Le cas échéant, le référent reçoit une plainte ou une allégation de manquement de façon non anonyme et l’instruit de manière confidentielle avec l’aide éventuelle d’experts. Le chef de l’établissement est informé.
Frédérique Bordignon (frederique.bordignon@enpc.fr) est la référente à l’intégrité scientifique de l’École nationale des ponts et chaussées ; elle est le premier contact pour tous les acteurs de la recherche tant pour poser une question relative à l’intégrité scientifique que pour signaler un manquement.
Formation-information
L’arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat précise dans son article 3 que les écoles doctorales « veillent à ce que chaque doctorant reçoive une formation à l'éthique de la recherche et à l'intégrité scientifique ».
Le Pôle IST et le référent à l’Intégrité scientifique peuvent intervenir dans les laboratoires pour parler du sujet mais pour ceux qui souhaitent une formation plus complète, il existe 2 Moocs de grande qualité :
Le suivi de chacun de ces deux MOOC et la délivrance des attestations sont gratuits.
Les types de manquement
Les manquements à l’intégrité scientifique peuvent revêtir de très nombreuses formes et impacter de façon plus ou moins grave l’avancée de la science.
DOI : 10.1097/ACM.0000000000002412
Petits manquements, haute fréquence
Ajouter un auteur qui n’a rien fait ou accepter d’être auteur quand on n’a rien fait, citer des articles non lus ou pour faire plaisir aux reviewers ou pour faire monter ses citations, “salami slicing” (découper les résultats de sa recherche pour en faire le plus de publications possible), considérer une conclusion inattendue comme une hypothèse de départ, manquer de rigueur dans le stockage et la protection des données, utiliser ses étudiants comme sujets d’étude et ne pas le signaler.
Manquements graves, plus rares
Demander à être auteur quand on n’a rien fait, collecter d’autres données pour forcer un résultat à être significatif ou s’arrêter avant pour qu’il le soit (p-hacking), faire semblant de ne pas voir que les données d’un collègue sont biaisées/bidonnées, prétendre à tort avoir utilisé une méthode/technique, omettre délibérément de signaler des limitations, manipuler/supprimer/fabriquer des données/figures, modifier des résultats, utiliser des “infos” obtenues en tant que reviewer pour sa recherche, plagier/s’auto-plagier, refuser de partager ses données avec ses collaborateurs, ne pas citer (correctement) ses sources.